Pologne/Ukraine/Kazakhstan et Lettonie/Sibérie : deux récits marqués par l’expérience du stalinisme
Publié : 15/01/2022 Classé dans : 1990s, 2000s, Kazakhstan, Lettonie, Pologne, Récit autobiographique, Témoignage, Ukraine, URSS 11 CommentairesEn proposant un retour en livres sur trente années d’indépendance des pays issus de l’ex-URSS, j’ai plus ou moins cantonné chaque pays à « sa » langue, « sa » littérature, « son » expérience nationale. La réalité est toujours plus compliquée que ça : la trajectoire des pays et des peuples qui sont tombés dans l’escarcelle de l’ex-URSS avant d’en ressortir le montre bien. Les deux livres dont je vais prochainement parler ici sont deux exemples des liens douloureux qui ont été tissés d’un coin à l’autre de cet immense empire, notamment (mais pas exclusivement) durant la période stalinienne.
Le premier livre est un récit de vie qui débute en 1923 en Volhynie (aujourd’hui en Ukraine) et fait un long et terrible voyage vers le Kazakhstan. Le récit se termine en 1951.
Le second livre est aussi un récit de vie, mais sous une forme plus distante et plus littéraire. Son auteur est lui aussi né au début des années 1920, mais c’est de sa Lettonie natale qu’il est déporté vers la Sibérie, au tout début de la Seconde Guerre mondiale.
Ce sont le récit d’une femme et d’un homme dont on peut se demander comment ils ont bien pu survivre. Le premier titre donne un élément de réponse : c’est Accrochée à la vie, de Franceska Michalska. Le second livre est à la fois un récit et un recueil de récits, et il porte le titre du dernier chapitre : c’est Petit déjeuner à minuit, de Valentīns Jākobsons.
Le hasard a fait que j’ai lu ces deux livres à peu près au même moment que l’annonce de la dissolution de l’ONG russe Memorial par la Cour suprême russe – une ONG qui œuvre depuis 1989 pour faire la lumière sur les millions de victimes de la dictature stalinienne – des victimes dont les auteurs de ces deux livres (tous deux survivants) ont fait partie.


« Accrochée à la vie » me dirait bien. J’attends ton avis 🙂
Il est très positif sur le témoignage (moins sur les événements qui ont occasionné le témoignage) et paraitra bientôt!
Je suis très intriguée et très impatiente d’en savoir plus sur ces lectures. La coincidence fait étrangement beaucoup de sens.
C’est triste de voir jusqu’où les autorités russes sont capables d’aller pour imposer leur vision des choses, au détriment de leur société – et de celle de leurs voisins.
Oui, c’est ce qui me fascine dans l’histoire des Balkans par exemple ce sont pour tout le monde de « nouveaux petits pays » mais coincés entre la Russie et l’Europe ils portent la complexité de l’histoire.
Pour les Balkans, tu oublies de mentionner la Turquie (via l’empire ottoman), encore importante notamment pour la Bulgarie, la Grèce, et les communautés musulmanes des autres pays! Mais c’est vrai que le débat actuellement tourne surtout autour de la carotte européenne et du bâton russe.
Oui c’est vrai !
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Je viens de lire ton article sur Accrochée à la vie, édifiant ce témoignage ! Je suis très curieuse du second, de cette expression » à la fois un récit et un recueil de récits » .
Edifiant, le second l’est aussi à sa manière. J’espère que ma chronique donnera une juste description de ce que je veux dire par « récit » et « recueil de récit », j’en suis justement arrivée à cette partie-là de l’écriture de mon petit texte.
[…] partie de ma séquence dédiée aux récits marqués par l’expérience du stalinisme, ce livre porte le sous-titre « Chroniques d’une déportation ». Cela rend les premières […]