Février 2022 : à nouveau des parutions en provenance d’Europe de l’Est, centrale et des Balkans

Le premier récapitulatif de l’année sur les nouvelles parutions (ou rééditions) en provenance de (ou sur) l’Europe de l’Est, centrale et des Balkans, parait déjà plus que lointain. Voici, traduit du hongrois, de l’albanais, du russe (Ukraine), du polonais, du bulgare, du géorgien, ainsi que de l’allemand, de l’anglais et de l’italien, un aperçu des publications de ce mois-ci.

Le 2 février, après avoir publié son La Tranquillité en 2007 puis Promenade deux ans plus tard, Actes Sud a publié La fin, de l’écrivain et photographe hongrois Attila Bartis : « Saga familiale sur fond de totalitarisme, roman d’apprentissage, récit amoureux et portrait d’un artiste qui cherche la voie de son accomplissement, « La Fin » a été salué comme l’un des grands romans hongrois de la décennie écoulée. »

Traduction du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba.

Présentation sur le site de l’éditeur, accompagnée des premières pages du livre.


Le 2 février également, un livre allemand à forte résonance hongroise, publié chez Rivages : dans Mourir en été, l’autrice allemande née de parents hongrois Zsuzsa Bánk évoque « un dernier été auprès de son père qui va mourir ». « Histoires intime et politique se mêlent. À la fois infiniment pudique et très cru, d’une grande tendresse et d’une violence inouïe, un texte lumineux et bouleversant dont les effets rappellent ceux de « L’Année de la pensée magique » de Joan Didion. ».

Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni. Présentation complète sur le site de l’éditeur.

>>> Il y a vingt ans, Zsuzsa Bánk publiait son premier roman, Der Schwimmer, évocation d’une famille déchirée par une absence après la révolution hongroise de 1956. Publié en français par les éditions Christian Bourgois sous le titre Le nageur, j’avais chroniqué ce titre sur ce lien.


Le 3 février, Zulma a réédité Qui a ramené Doruntine ?, roman d’Ismail Kadaré traduit en français chez Fayard dès 1986 (il existe également une édition commentée chez Larousse) : « Au cœur de l’Albanie légendaire, entre croyances et fantasmes, mystère et rationalité, Kadaré transforme un mythe fondateur en une enquête palpitante. »

Traduit de l’albanais par Jusuf Vrioni. Présentation sur le site de l’éditeur.

>>> Avant de retrouver ici une chronique du livre, voici déjà sur Passage à l’Est ! mon article sur « toutes les bonnes raisons de lire/découvrir Ismail Kadaré » ainsi que des chroniques de deux romans qui évoquent déjà la figure de cette mystérieuse Doruntine : Le général de l’armée morte, et Le crépuscule des dieux de la steppe.


A la fin de l’année dernière, dans mon tour d’horizon littéraire des quinze pays issus de l’ex-URSS, j’avais évoqué l’influence (inévitable) de la guerre russe en Ukraine sur la littérature ukrainienne de ces quelques dernières années. Les abeilles grises, d’Andreï Kourkov, qui a paru le 3 février chez Liana Levi, s’inscrit dans ce contexte. « Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. »

Traduit du russe par Paul Lequesne. Présentation complète sur le site de l’éditeur.


Plus d’un siècle après la première tentative de traversée du continent antarctique dirigée par Ernest Shackleton, et le naufrage de son trois-mâts L’Endurance, l’expédition et l’épave continuent de fasciner. Une expédition vient de quitter l’Afrique du Sud à la recherche de ce que son capitaine décrit comme « l’épave la plus inaccessible de tous les temps ». Pour ce qui préfèrent s’intéresser à cette histoire d’un peu plus loin, les Éditions Noir sur Blanc ont publié le 3 février Un arc de grand cercle, de Mateusz Janiszewski, récit par l’un de ses capitaines (également chirurgien, voyageur et écrivain) du périple que mène un équipage polonais pour refaire le parcours de l’expédition de 1914-1915. « Avec ce grand reportage littéraire, empreint de poésie et de réflexion philosophique, Janiszewski nous entraîne dans un monde extrêmement hostile, « capable de vous tuer », mais aussi de vous révéler à vous-même ».

Traduit du polonais par Laurence Dyèvre. Présentation complète sur le site de l’éditeur.  


Le 9 février, les éditions Autrement complètent leur projet de réédition de la trilogie d’Angel Wagenstein « consacrée au destin des Juifs d’Europe au XXᵉ siècle » en publiant Adieu Shanghai. Dans le premier volume, Le Pentateuque ou les cinq livres d’Isaac (ma chronique ici), l’écrivain bulgare recréait « la vie d’Isaac Jacob Blumenfeld à travers deux guerres mondiales, trois camps de concentration et cinq patries » concentrées autour de la Galicie orientale ; avec le second, c’était Albert Cohen, juif de Bulgarie exilé en Israël, qui dans Abraham le poivrot, loin de Tolède,faisait revivre le monde de son enfance et de son grand-père Abraham dans la Plovdiv de l’immédiat après-guerre (ma chronique ici). Ce troisième volume change encore de géographie en s’inspirant « d’un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale » : « Shanghai, fin des années 1930. Fuyant les persécutions nazies, plus de 20 000 Juifs allemands et autrichiens, des intellectuels pour la plupart, s’exilent dans le dernier port au monde offrant encore un possible asile ».

Traduction du bulgare par Krasimir Kavaldjiev et Veronika Nentcheva. Présentation complète sur le site de l’éditeur.

>>> Une chronique à retrouver ici.


Le 10 février, dans la collection La bibliothèque de Dimitri, les Éditions Noir sur Blanc republient Le retour de Bouddha, de Vsevolod Ivanov :

« Un roman fantastique, « à la jonction du bouddhisme et de la révolution » (Dany Savelli), une œuvre puissante et poétique », avec pour toile de fond une traversée en train d’une URSS toute neuve et en proie à la guerre civile.

Traduction du russe et annotée par Rémy Perraud (traduction revue et corrigée).

Présentation complète sur le site de l’éditeur.


Également le 10 février chez Noir sur Blanc, Ténèbres sacrées. Les derniers jours du Goulag, de Levan Berdzenichvili. « En 1983, [l’auteur] est envoyé dans un camp de Mordovie pour activités antisoviétiques. Il décrit ces années comme « les plus belles de sa vie » : en effet, « où d’autre aurais-je pu côtoyer tous ces hommes, si soigneusement rassemblés par le KGB ? » C’est dans cette tonalité que se déploie son livre, avec humour, ironie et optimisme. »

Traduction du géorgien par Maïa Varsimashvili-Raphael et Isabelle Ribadeau Dumas. Présentation complète sur le site de l’éditeur.

>>> Retrouvez sur ce lien ma chronique de Ténèbres sacrées, qui confirme (comme le suggèrent les argumentaires), qu’il est impossible de lire ce livre sans éclater de rire.


Le 16 février, Stock publie Retour rue Krochmalna, un « nouveau roman inédit » d’Isaac Bashevis Singer (décédé en 1991). « Retour » ? Cette rue de la Varsovie juive du début du XXe siècle joue déjà un rôle important dans certains de ses textes déjà bien connus, tels que le recueil Au tribunal de mon père (que j’avais chroniqué ici). « Dans ce nouveau roman inédit, Singer renoue avec ses thèmes de prédilections et signe un texte foisonnant et haut en couleurs – avec le noir en dominante – qui n’est pas sans rappeler l’univers de Keila la Rouge. »

Traduction de l’anglais par Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay. Présentation complète sur le site de l’éditeur.

>>> Ce titre d’Isaac Bashevis Singer rentre complètement dans mon initiative autour des prix Nobel de littérature d’Europe centrale, de l’Est et des Balkans, que j’ai présentée ici. Une lecture commune de ce prix Nobel de littérature 1978 est prévue le 8 juillet.


Pour terminer, un livre qui m’avait échappé en janvier mais qui aurait eu toute sa place dans les lectures communes autour de l’Holocauste : Le pain perdu, d’Edith Bruck. « En moins de deux cents pages vibrantes de vie, de lucidité implacable et d’amour, Edith Bruck revient sur son destin : de son enfance hongroise à son crépuscule. Tout commence dans un petit village où la communauté juive à laquelle sa famille nombreuse appartient est persécutée avant d’être fauchée par la déportation nazie. L’auteur raconte sa miraculeuse survie dans plusieurs camps de concentration et son difficile retour à la vie en Hongrie, en Tchécoslovaquie, puis en Israël. »

Traduit de l’italien par René de Ceccatty. Présentation complète sur le site de l’éditeur.


Et voilà. Maintenant, il n’y a plus qu’à lire.

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26 commentaires on “Février 2022 : à nouveau des parutions en provenance d’Europe de l’Est, centrale et des Balkans”

  1. allylit dit :

    Le Kourkov me tente beaucoup !

  2. Ingannmic dit :

    Qu’est-ce que j’ai aimé « La tranquillité », de Bartis et « Les jours clairs » de Zsuzsa Bank, deux romans complètement différents, mais tous deux très singuliers, et portés par une plume magnifique..

  3. keisha41 dit :

    Noooooooooooooon, quasiment que des livres qui me donnent envie! Bon, espérer que les biblis feront leur travail. ^_^ Encore merci.

  4. Agnès dit :

    Adieu Shanghai m’intéresse. Est ce que tu penses qu’il faut avoir lu les deux autres avant ?

    • A mon avis, ce n’est pas nécessaire; en tout cas, les deux premiers se lisent tout à fait indépendemment l’un de l’autre.
      C’est plutot le thème du destin juif au XXe siècle qui fait le lien entre les trois livres, pas les personnages.
      Moi aussi, cette extension chinoise de l’Holocauste m’a toujours intriguée.

  5. Marilyne dit :

    Le délai était trop court, sinon le livre d’Edith Bruck aurait été dans ton récapitulatif des lectures communes autour de l’Holocauste. Il y a sa poésie aussi, qui passera par moi ( je voudrais poursuivre ce principe de varier les formats pour ton rendez-vous ).
    Je n’avais pas fait attention que Ténèbres sacrées paraissait le 10 février, ce qui m’explique que je ne l’ai pas trouvé en librairie la semaine dernière… ce n’est que partie remise. Comme Keisha, je note de nombreux titres, c’est terrible. Il faudra bien que je lise ce Kadaré. Quant envisages-tu de le présenter ? Si j’en ai le temps, je pourrai publier ce jour-là, avec toi, l’autre parution de Kadaré  » Disputes au sommet « , ces deux titres rejoignent nos précédentes lectures.

    • Je devrais moi aussi songer à varier les formats – d’ailleurs, je me proposais de parler musique cette année mais le temps m’a manqué.
      Oui, encore un peu de patience pour Ténèbres sacrées! J’ai eu la possibilité d’un avant-goût, qui tombait très bien pour la présentation parallèle que je voulais faire du livre de György Faludy.
      Pour Kadaré… mettons mai? (je n’ai jamais été aussi été organisée dans mes lectures et publications!)

      • Marilyne dit :

        C’est vrai que cela fait beaucoup de prévisions, de contrainte de calendrier. Voici ce que je te propose : comme j’aimerai lire pour mars Disputes au sommet, si en mai tu prévois bien le Kadaré, je le lirai avec toi puisque cette réédition Zulma m’intéresse aussi. Comme ça, nous prenons le temps de nous confirmer ce rendez-vous printanier.

      • Parfait! Hâte de lire ce que tu penses de ces « Disputes »…

  6. flyingelectra dit :

    je note les deux derniers de mon côté – merci pour toutes ces infos 🙂

  7. Adieu Shanghai attend à côté de ma table de nuit! Le Grand arc de cercle m’intéresse, Bashevis Singer, bien sûr je note les autres que je ne connais pas

  8. Emma dit :

    Très belle liste!
    Je viens d’acheter ce livre de Kadaré, un auteur que je n’ai jamais lu.

  9. nathalie dit :

    Bon je rattrape mon retard après une semaine de vacances. Je place dans mon panier de courses le Kadaré, le Janiszewski (que j’ai d’ailleurs vu en librairie récemment), évidemment le Wagenstein (d’ailleurs j’ai prêté Les 5 livres etc. à mon club de lecture et il est en train de faire un triomphe, ça fait plaisir). Encore un Singer inédit, comme tous les ans (je ne boude pas mon plaisir, j’en ai lu plusieurs et ce sera peut-être le cas de celui-ci). Le prochain passage à la librairie risque d’être douloureux pour le dos qui portera le sac.

    • Qui plus est tu ne cites que des titres qui figurent dans cette liste, mais je suppose que tu en as d’autres qui t’intéressent. Je compatis avec le dos (et le sac) (éventuellement avec l’étagère également).
      Mon petit doigt me dit qu’il y aura peut-être aussi un Abraham à faire circuler dans le club de lecture un de ces jours…

  10. […] dernier récapitulatif des nouvelles publications date de février et, depuis, les livres ont continué à sortir et à s’empiler. Il est plus que temps de faire un […]


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