Les oubliés d’août-septembre

La liste des nouvelles publications en provenance « de l’Est » de la rentrée littéraire 2022 était déjà longue… et pourtant il lui manquait plusieurs titres ! Voici donc un rattrapage avec fiction, non-fiction, poésie…


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Et voilà octobre avec son lot de livres

Voyager rime avec feuilleter mais pas avec lire : c’est une évidence qui s’est avérée pour moi au cours de ce mois de septembre passé par monts et par vaux, après un mois d’août passé par monts et par vaux et avant un mois de septembre par monts et par vaux.

Ainsi, hormis Moon Palace et Gibier, je n’ai vraiment pas lu grand-chose ce mois-ci.

Pendant ce temps, le programme des nouvelles publications d’octobre en provenance « de l’Est » ou le concernant s’est bien étoffé. Avant de parler de quelques-unes de ces nouvelles publications, un mot sur Gibier, et une annonce de lecture commune.


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Paul Auster – Moon Palace

Wikipedia me dit que Paul Auster était né de parents juifs originaires d’Europe centrale, mais ce n’est pas ce qui m’a poussé à faire une escapade du côté des Etats-Unis. De toute manière il n’y a pas grand-chose de centre-européen dans Moon Palace.

Ça ne m’a pas empêché de profiter du livre : bien au contraire, je l’ai quasiment inhalé sans du tout lui en vouloir des rebondissements improbables qui s’y succèdent. Roman d’apprentissage (entre autres choses), il met en scène un jeune homme désargenté, perdu dans le New York des années 1960.

It was the summer that men first walked on the moon.

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Ferenc Molnár – Les gars de la rue Paul

Pouvait-on rêver d’un meilleur terrain de jeu ? Pour nous autres, collégiens de la capitale, c’était l’idéal. Nous n’aurions pu imaginer un endroit qui se prêtât mieux à jouer aux Peaux-Rouges. Le terrain de la rue Paul était une magnifique plaine figurant à merveille une savane d’Amérique. Quant au chantier de la scierie, c’était à volonté tout le reste, la ville, la forêt, les montagnes Rocheuses, selon la circonstance et le moment.

Ce petit roman date de 1906 et pourtant on le retrouve partout. A Ankara il y a trois ans, j’en avais trouvé une édition turque toute fraîche en devanture d’une librairie, dans une collection « classiques du monde moderne ». L’année suivante, c’est en lisant le texte autobiographique Jardin, cendre de Danilo Kiš, publié en 1965, que j’étais tombée sur une mention de ce livre, un peu caché sous son titre traduit en serbo-croate et de là en français, « les petits garçons de la rue Pavlov ». Tout récemment, c’est dans L’Horizon, un roman (lui aussi de nature en partie autobiographique) traduit du polonais, que j’ai été surprise, au détour d’une page, par une nouvelle référence à ce roman, qu’une note de bas de page présente très justement comme un « classique de la littérature jeunesse ».

Le fait que Les gars de la rue Paul est un grand classique de la littérature hongroise, je le savais, mais le fait qu’on puisse lire et qu’on ait pu lire ce petit roman de 1906 en traduction polonaise, serbo-croate, turque (entre autres langues) et qu’on le retrouve même dans des romans publiés dans d’autres langues, ce n’est tout de même pas si commun. Depuis, je jette toujours un coup d’œil sur les rayons des librairies étrangères pour voir si j’y retrouve Les gars de la rue Paul, tout en me doutant bien que c’est le genre de chose pour laquelle il vaut mieux se laisser surprendre à un moment où on ne s’y attend pas.

A Budapest, il suffit de se promener autour de « la rue Paul » – par exemple en prenant comme point de départ le József körút 83. (83 du boulevard Joseph), où une plaque marque encore la maison de naissance de l’auteur, Ferenc Molnár – pour voir à quel point ce roman et ses protagonistes ont été insérés dans l’espace urbain. Sur la rue Práter qui débute presqu’en face de ce numéro 83, un groupe de statues montre des garçons jouant aux billes devant un lycée (on retrouve ces statues sur la couverture de l’édition turque d’Ankara). A une quinzaine de minutes à pied, une autre statue, à moitié immergée dans un bassin du jardin botanique, représente l’un des principaux personnages du roman. Une grande peinture murale – colorée et moderne, et elle aussi avec des garçons et des billes – vient aussi récemment d’être terminée sur le mur pignon d’un immeuble d’habitation des alentours.

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Sándor Márai – Les braises

Pendant que l’orchestre jouait, l’officier dit à la jeune aristocrate française : « Dans mon pays, les sentiments sont plus violents, plus décisifs. »

En relisant Les braises, je me suis rendu compte qu’il ne m’était rien resté de ma première lecture, il y a une vingtaine d’années, quelques années avant mon arrivée en Hongrie. Je me souvenais juste de ce que tout le monde sait qui a entendu parler de ce roman de Márai, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une confrontation entre deux hommes désormais âgés et qui ne se sont pas revus depuis un événement survenu plusieurs décennies auparavant.

Le roman, court et concis, à mi-chemin entre une longue nouvelle et un roman, se déroule dans le château vieux de deux siècles, « bien entouré de montagnes et de forêts », dans lequel vit « Henri »*, le général, dernière représentant de sa famille, « maître de maison (…) invisible » et retiré du monde. A partir du moment où, vers onze heures du matin, le vieux général reçoit une lettre annonçant la visite inopinée de « monsieur le Capitaine », et jusqu’au départ de celui-ci, à peine 24 heures s’écoulent, qui correspondent à l’intérieur du roman à une autre division du temps.

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