Les oubliés d’août-septembre 2022, et même quelques-uns de 2021
Publié : 18/10/2022 Classé dans : BD, Nouvelles publications, Science-fiction 11 CommentairesDécidément, la littérature d’Europe centrale, de l’Est et des Balkans est un puits sans fond, même quand on se limite aux traductions françaises. J’avais déjà proposé un premier billet sur les nouvelles publications d’octobre, puis un billet de rattrapage, et voilà que j’ai déjà matière à proposer un deuxième billet de rattrapage avant d’attaquer novembre.
Au menu d’aujourd’hui, un petit roman roumain nonagénaire, un peu de science-fiction, et un bon paquet de BD.

Le petit roman roumain nonagénaire, c’est Femmes, de Mihail Sebastian.
Je l’avais déjà chroniqué en 2020 dans l’édition des Editions de l’Herne avec sa couverture « toute noire, toute simple » et voilà que, au hasard d’une promenade chez Patrick Corneau, je m’aperçois que les Editions de L’Herne ont eu la bonne idée de le rééditer il y a quelques mois.
Le noir de la couverture est remplacé par du lilas, mais le fond reste le même : « Mihail Sebastian livre ici une singulière galerie de portraits de femmes, gracieuses et papillonnantes, apparaissant dans toute leur complexité humaine », écrit l’éditeur de ce recueil à l’écriture si vivante, agréable et nostalgique, traduit par Alain Paruit.
Pour les deux titres suivants, j’y vais peut-être un peu trop vite en les décrivant comme de la science-fiction. Actes Sud, qui les réédite tous les deux dans la collection Babel, parle du premier comme d’une « fable kafkaïenne, un cauchemar labyrinthique où l’humanité se débat de manière bien dérisoire pour survivre à un monde de faux-semblants et de mensonges », et du second comme d’un « polar métaphysique » sur fond de Guerre froide, dans lequel le héros est amené « à reconsidérer tout ce qu’il pense connaître des lois de l’Univers ». Le premier date de 1961 et s’intitule Mémoires trouvés dans une baignoire (traduit par Dominique Sila avec Anna Labedzka, plus d’infos ici), tandis que le second date de 1976 et s’appelle tout simplement Le rhume (traduit par Dominique Sila, plus d’infos là). Les deux romans sont signés Stanislas (Stanisław) Lem et sont, donc, traduits du polonais.


Et maintenant, de la BD.

Je ne sais pas pourquoi j’avais oublié d’inclure Goodbye Ceausescu dans mon récapitulatif de septembre 2021, mais voyons de quoi il retourne :
« Marqué par ces images [du procès et de l’exécution du couple Ceausescu en décembre 1989], Romain a eu envie de comprendre ce qu’est devenu ce pays si proche… et pourtant si méconnu. Trente ans plus tard, il embarque pour un road-trip trépidant avec une question en tête : « Vivre dans un pays post-communiste, c’est quoi ? » et découvre un visage de la Roumanie bien éloigné des clichés qui lui collent à la peau. »
Romain, c’est Romain Dutter qui écrit le texte, accompagné de Bouqé pour le dessin (et de Paul Bona pour le scénario ?). Les éditions Steinkis ont toutes les infos sur ce « road trip riche, humain et sincère » sur leur site, ainsi qu’une présentation sur YouTube.

Chez Steinkis, on parle aussi de L’Ours de Ceausescu avec cette BD signée Aurélien Ducoudray, Gaël Henry et Paul Bona, parue en avril 2022.
« De faits réels en contes tragi-comiques, L’ours de Ceausescu dresse le portrait d’un régime ubuesque et d’une humanité pas toujours héroïque mais souvent surprenante, à la manière des grandes comédies sociales italiennes (Le pigeon ; Les monstres ; Hier, aujourd’hui et demain) ou plus récemment des Nouveaux sauvages. »
Toutes les infos sur le site des éditions Steinkis.

Avec mon dernier titre chez Steinkis pour aujourd’hui, on passe de la Roumanie au Royaume de Hongrie, du XXe au XVIIe siècle, du couple Ceausescu à… « la comtesse sanglante ».
Eh oui, il était temps qu’Elisabeth Báthory, et sa lugubre quête pour atteindre la jeunesse éternelle, fasse son entrée dans le monde de la BD ! Mais j’apprécie de voir que cet album d’Anne-Perrine Couët cherche justement à replacer cette histoire dans son contexte historique : « Et si cette image avait été injustement forgée par l’histoire ? Si elle était le résultat d’un complot qui n’avait eu pour but que de l’écarter de son pouvoir ? Élisabeth Báthory, vampire, tueuse en série ou juste « une sorcière comme les autres » ? »
Báthory. La comtesse maudite a paru en septembre et on trouve plus d’informations à son sujet sur le site de l’éditeur.

Encore un peu d’histoire pour terminer, avec Jusqu’ici, tout va bien :
Jan Novák et Jaromír 99 y proposent « une épopée passionnante à suspense des frères Mašín en période de Guerre froide. Cinq hommes décident de prendre les armes contre le régime arbitraire tchécoslovaque, et tiennent tête à vingt mille soldats de la Volkspolizei d’Allemagne de l’Est armés jusqu’aux dents. À l’issue d’une lutte effrénée, ils réussissent finalement à passer en territoire libre, à Berlin Ouest. »
Les éditions Presque Lune, qui publient cet album traduit du tchèque par Christine Laferrière, soulignent également dans leur présentation la polémique qui perdure sur l’étiquette à accoler aux frères Mašín : « héros ou assassins » ?
Jetons-nous dans le puits sans fond, donc. Je suis contente pour Lem, car je l’avais repéré et je pourrai facilement me procurer ces rééditions. La BD sur la comtesse est peut-être bien si elle fait la part belle à l’histoire.
D’accord, mais vérifie s’il te plait que ton baudrier est bien attaché à ta bibliothèque la plus solide. Passage à l’Est! rejette toute responsabilité s’il s’avère que le puit a, en fait, un fond.
Je crois que Lem bénéficie encore de l’effet « centenaire de sa naissance »? Et quant à la comtesse, tu as plus de chances de la voir en librairie que moi mais j’ai vu un avis positif sur Babelio qui soulignait le questionnement sur les origines de la réputation d’Elisabeth Báthory. Je serais curieuse de savoir comment l’autrice s’est documentée.
Puit sans fond… Pour notre plus grand plaisir ! Et amplement mérité !
On ne va pas s’en plaindre, quand même!
Je n’avais pas vu passer la BD sur la comtesse, je suis curieuse ! ( j’avais déjà une magnifique BD à son sujet mais pas sous cet angle, ce qui m’attire encore plus ).
La comtesse a le vent en poupe! Te souviens-tu par hasard du nom de cette autre BD?
Il s’agit d’une BD de Pascal Croci dont j’aime particulièrement le trait et les atmosphère. Elle s’intitule simplement » Elizabeth Bathory » ( elle date déjà, une dizaine d’années ). Hier, j’ai pu voir celle que tu présentes. Le propos m’intéresse mais je ne suis pas du tout emballée par le graphisme, alors j’hésite sérieusement.
Merci pour ce complément d’information, avec en plus ton avis éclairé! Moi (n’ayant vu que quelques extraits des deux BD), je crois que je préfère le graphisme d’Anne-Perrine Couët. Mais je lis aussi qu’il existe encore d’autres versions BD de cette histoire, notamment une ou deux « érotico-horrifique trash » (je cite actuabd à propos de la BD de Raúlo Cáceres).
À propos d’un précédent billet et du livre L’Archipel du goulache qui sort chez Noir sur Blanc, le compte twitter de @Debo_Libgourman (libraire spécialisée dans les livres de cuisine) (c’est dire si c’est quelqu’un de bien) me dit que le livre est hyper bien documenté et que l’auteur tient un blog depuis des années, si tu veux te faire une idée :
https://foodperestroika.com
(et maintenant il ne faut pas craquer)
Pas craquer? Pourquoi pas? Avec les informations que tu viens de partager?
[…] derrière les étagères lorsque j’ai fait mon dernier article (et le premier rattrapage) (et le deuxième rattrapage) sur les publications […]