[Carrément] à l’Est ! 2 – Le petit bourg aux papayers, un recueil de nouvelles taïwanaises d’avant-guerre
Publié : 21/02/2023 Classé dans : Lectures taïwanaises 5 CommentairesDeuxième chapitre de ma série de lectures taïwanaises en 2023, comme expliqué dans ce billet.

Le petit bourg aux papayers a été l’une de mes toutes premières lectures taïwanaises à Taïwan. Taïwan, telle que je l’ai perçue au quotidien (surtout mais pas uniquement à Taipei, la capitale), m’a parue si différente de l’île telle qu’elle apparait dans les nouvelles recueillies ici ! Existe-t-il encore, dans les mentalités et dans l’organisation sociale et urbaine de l’île, des traces de la période d’avant la Seconde Guerre mondiale, qui est celle des sept nouvelles du recueil ? Ma connaissance de Taïwan est absolument bien trop superficielle pour pouvoir donner une réponse un tant soit peu informée et je vais donc me contenter de dire que je n’en ai pas trop eu l’impression, ce qui n’est guère surprenant étant donné les changements politiques, sociaux, économiques, linguistiques et démographiques qu’a connu l’île au cours du XXe siècle.
Lire la suite »Maurice Drumlewicz – Tribulations d’un jeune Juif polonais en URSS entre 1939 et 1946
Publié : 19/02/2023 Classé dans : Holocauste, Pologne, Témoignage, URSS 6 CommentairesPersonnellement, c’est devenu… Encore une fois, je dis moi mais c’est aussi les autres. Je l’ai vécu mais d’autres l’ont aussi vécu et parfois c’était pire, car ils n’ont pas toujours su se débrouiller. D’autres n’ont pas eu cette chance, ils n’ont pas eu ce culot, ils n’ont pas eu notre audace et ils n’ont pas survécu, ils sont morts de faim. C’est à eux qu’il faut penser. C’est pour eux que j’ai accepté de témoigner. Ce n’est pas de moi qu’il s’agit. C’est l’histoire d’un jeune Juif et de ses tribulations en URSS…

C’est par hasard que ce livre est arrivé entre mes mains. Un train en retard, une connexion ratée, une conversation entamée, et puis le fil en aiguille et une mise en relation…
C’est aussi d’un hasard qu’est née l’histoire racontée dans ce livre, témoignage d’une vie vécue pour partie dans l’URSS des années 1939-1945. Cette vie est celle de Maurice/Moishe Drumlewicz, qui grandit dans une ville à quelques kilomètres à l’ouest de Varsovie ; en septembre 1939, lorsque l’Allemagne envahit la Pologne, il a 17 ans. Son grand-frère Henri/Hershl est dans l’armée polonaise prise en tenaille entre troupes allemandes et troupes russes, et c’est pour obtenir de ses nouvelles que Maurice part un jour vers l’est.
Lire la suite »Angel Wagenstein – Adieu Shanghai
Publié : 14/02/2023 Classé dans : 2000s, Bulgarie, Holocauste, Service Presse | Tags: Wagenstein 10 CommentairesQu’en penses-tu ? Si tu le vendais, en tirerais-tu suffisamment d’argent pour nous deux ? Je pense à ton plan, là… Saigon, etc.
– Shanghai, rectifia machinalement le Hongrois.
– Bon, va pour Shanghai. C’est la même chose, non ?
La première fois que j’ai entendu parler de l’histoire des Juifs réfugiés à Shanghai pendant la Seconde Guerre mondiale, c’était à cause de ce roman. Shanghai ? Cela m’a paru vraiment incongru et tellement difficile à relier au reste de ce qu’on sait sur la guerre telle qu’elle s’est déroulée en Europe et en Asie. Après, j’ai feuilleté des livres sur des survivants de cette période (celui d’Irene Eber, par exemple), des récits de vie de personnes qui ont grandi à Shanghai dans des familles européennes juives ou non-juives (Sam Moshinsky, Liliane Willens, Clio Calodoukas), et même des livres d’historiens décrivant le statut de Shanghai et de ses habitants occidentaux du point de vue des politiques chinoises et japonaises pendant la guerre (Gao Bei). Prendre Shanghai, ville alors ouverte, cosmopolite et prospère, comme point de départ pour comprendre l’arrivée de Juifs d’Europe centrale à partir de 1938, plutôt qu’appréhender cette histoire directement à partir des réfugiés juifs qui avaient échoué là, rend tout de suite ce télescopage géographique bien plus compréhensible.

Mais rien de cela n’était d’un grand réconfort pour ces réfugiés ni, sur le plan fictionnel, pour les protagonistes d’Adieu Shanghai : pour le violoniste allemand Theodor Weissberg et son épouse la cantatrice Elizabeth, et pour l’actrice Hilde Braun, Shanghai est au mieux une destination inconnue, au pire une destination effrayante, et en tout cas la seule solution existante pour quitter l’Europe. De ces trois personnages, seuls deux sont juifs et la question de savoir qui est juif et qui est « purement » allemand est l’un des petits ressorts du roman.
Lire la suite »Lectures communes autour de l’Holocauste (3e édition) – un récapitulatif et des remerciements
Publié : 10/02/2023 Classé dans : Bilan, Holocauste, Lectures communes 19 CommentairesUne semaine après la fin de nos Lectures communes autour de l’Holocauste, il est temps de rassembler et partager tous les billets. Tout d’abord, merci aux participants et participantes, à ceux et celles qui contribuent leurs lectures pour la troisième fois déjà, comme à celles qui se joignent à nous pour la première fois cette année. Nous avons été 19 participant.e.s, avec 43 contributions d’une grande diversité, que vous retrouverez listées ci-dessous (signalez-nous si nous avons oublié quelqu’un !).
Lire la suite »7 livres parmi les nouvelles publications de février
Publié : 07/02/2023 Classé dans : Nouvelles publications 17 CommentairesLa troisième édition des Lectures communes autour de l’Holocauste vient de se terminer avec une belle série de contributions très variées. Avant d’en publier le bilan avec Etsionbouquinait ?, voici la sélection « Passage à l’Est ! » des nouvelles publications de février. La plupart de ces titres est déjà en librairie, les autres suivront dans le courant du mois.
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Edith Bruck – Lettre à ma mère
Publié : 03/02/2023 Classé dans : 1980s, Femmes écrivains, Holocauste, Hongrie, italien, Lectures communes | Tags: Edith Bruck 24 CommentairesElie Wiesel, Imre Kertész, Primo Levi, Aharon Appelfeld, Jorge Semprun, Piotr Rawicz, Boris Pahor, Paul Celan… parmi les écrivains d’après-guerre dont l’œuvre repose sur leur expérience de l’Holocauste, Edith Bruck, en tant que femme, fait figure d’exception.
Est-ce le reflet d’une dimension spécifique aux persécutions, ou s’agit-il plutôt du résultat de cette propension à considérer plus facilement les hommes que les femmes comme des auteurs de « grande littérature » ou de « littérature sérieuse » ? Les témoignages de survivantes, surtout sous forme documentaire (récit de vie plutôt chronologique, avec ou sans l’aide d’une plume extérieure), ne manquent pourtant pas.
Entre le document autobiographique et l’œuvre de fiction, la frontière peut parfois sembler ténue. Dans le cas de Lettre à ma mère, ce sont surtout l’écriture, et plus encore la forme du texte, qui font de lui une œuvre littéraire à la portée universelle.
Lire la suite »Filip David – La maison des souvenirs et de l’oubli
Publié : 01/02/2023 Classé dans : 2010s, Holocauste, Serbie 11 CommentairesLe lendemain, le professeur se rendit à pied au site, autrefois, du camp de Zemlin. Il descendit du pont Branko, traversa la prairie herbeuse et rejoignit Staro sajmište, un ensemble de pavillons décrépits près desquels ont poussé des cabanes qu’habitent aujourd’hui des réfugiés et des Tsiganes. Même si des dizaines de milliers de personnes y avaient trouvé la mort, rien ne laissait penser que, jadis, se dressait ici le premier camp d’internement des juifs, devenu par la suite un camp de transit. Il parvint à l’endroit où, récemment, des terrassiers installant des canalisations avaient découvert la boîte qui avait changé sa vie.
A Belgrade l’année dernière, j’avais logé quelques jours dans un hôtel à Novi Beograd, un peu en retrait du point de rencontre du Danube et de la Save, face au quartier d’affaires alors encore en construction. Un matin, je regardais un plan de la ville pour voir si je pouvais identifier l’endroit où avait été situé le camp de Staro Sajmište. Quelle avait été ma surprise de voir qu’il se trouvait presque littéralement sous mes pieds, ou du moins à seulement quelques minutes de marche de l’ensemble d’hôtels, de bureaux et de centre commercial qui avait poussé là de manière assez artificielle. Avant de quitter Belgrade, je m’étais rendue sur ce morceau de terrain en bordure de rivière : à peu près 10 ans après la publication du livre de Filip David dont est extraite la description ci-dessus, l’endroit, bien qu’habité, était parcouru d’herbes folles et sentait la marginalité et l’abandon.
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