Lectures communes autour de l’Holocauste (3e édition) – un récapitulatif et des remerciements
Publié : 10/02/2023 Classé dans : Bilan, Holocauste, Lectures communes 19 CommentairesUne semaine après la fin de nos Lectures communes autour de l’Holocauste, il est temps de rassembler et partager tous les billets. Tout d’abord, merci aux participants et participantes, à ceux et celles qui contribuent leurs lectures pour la troisième fois déjà, comme à celles qui se joignent à nous pour la première fois cette année. Nous avons été 19 participant.e.s, avec 43 contributions d’une grande diversité, que vous retrouverez listées ci-dessous (signalez-nous si nous avons oublié quelqu’un !).
Lire la suite »2022+1=2023
Publié : 12/01/2023 Classé dans : Bilan 30 CommentairesSans surprise pour un blog estampillé Europe de l’Est/Europe centrale, l’année 2022 n’a pas été des plus réjouissantes et j’étais assez tentée de passer à 2023 sans jeter d’autre regard sur l’année écoulée. Ceci surtout après avoir relu mes premier et deuxième billets de fin d’année 2021, qui avait été une chouette année avec un chouette bilan (en 2021, j’avais entre autres parlé de la littérature des républiques de l’ex-URSS, vous vous souvenez ?).
Mais j’ai trouvé que ce serait dommage de ne pas revenir sur 2022, parce qu’il y a quand même eu beaucoup de bon sur le blog et, surtout, parce que je voulais parler de mon année Nobel – celle que j’avais annoncée il y a un an et avec laquelle j’avais dit que j’allais lire un Nobel de littérature « de l’Est » « peut-être au rythme d’un par mois, et peut-être pas ».
Evidemment, c’est le deuxième peut-être qui l’a emporté, mais tout de même le bilan n’est pas si mauvais, ni en chiffre ni en qualité puisque certaines (pas toutes) de ces lectures Nobel ont été parmi les plus marquantes de l’année. Ainsi, j’ai sauté les Nobélisés les plus anciens (Henryk Sienkewicz, Bertha von Suttner, Władysław Reymont) pour commencer avec Ivo Andrić et passer ensuite à Isaac Bashevis Singer, puis Elie Wiesel, Imre Kertész, Herta Müller, Svetlana Alexievich et enfin (dans l’ordre d’attribution des Nobel), Olga Tokarczuk. En termes de titres, cela donne :
– Omer pacha Latas – une belle fresque sur la Bosnie du début du XIXe siècle convoitée par l’empire ottoman, et dont l’intérêt provient surtout de l’art du détail et de la description de l’auteur
– Le golem – une gentille et vivante réécriture sous forme de conte de l’histoire d’une créature fantastique dans la Prague de Rodolphe II
– La nuit – un texte majeur et hautement personnel sur l’expérience de la déportation, de la perte, de la survie, de la culpabilité d’avoir survécu
– Être sans destin – autre texte majeur et très impressionnant sur l’expérience concentrationnaire, mais majeur et impressionnant justement par l’effort de dépersonnalisation qu’y fait l’auteur malgré sa propre expérience des camps
– Tous les chats sautent à leur façon – un livre un peu à part dans l’œuvre de Herta Müller, puisqu’il revient sous forme d’entretiens sur sa vie et son apprentissage de l’écriture et de la dictature, et permet de comprendre le lien entre vie et œuvres de l’autrice
– La fin de l’homme rouge – une entreprise autant qu’un texte : faire le portrait, à hauteur d’hommes et de femmes anonymes, des années de la fin de l’URSS et de ce qu’elles ont laissé dans l’ADN de la Russie d’aujourd’hui
– Les pérégrins – un roman-collage foisonnant qui illustre à merveille ce à quoi le comité Nobel pensait lorsqu’il louait « l’imagination narrative » et la « passion encyclopédique » de cette autrice qui sait toujours si bien se renouveler
De plus, hormis La nuit, d’Elie Wiesel (lu dans le cadre des lectures communes autour de l’Holocauste), j’ai bénéficié de la bonne compagnie de plusieurs lecteurs et lectrices – Nathalie et Marilyne pour Omer pacha Latas d’Ivo Andrić ; Nathalie pour Isaac Bashevis Singer ; Madamelit pour Imre Kertész ; Nathalie et Marilyne pour Herta Müller ; Nathalie (encore elle !) et Patrice pour Svetlana Alexievitch ; et Nathalie, Marilyne (encore elle !) et Emma pour Olga Tokarczuk – et ça, ça fait toujours plaisir, alors merci.
J’ai aussi lu Czesław Miłosz et Jaroslav Seifert, mais sans avoir chroniqué ces lectures pour le moment, ce qui fait qu’il ne me reste plus qu’une petite poignée d’auteurs à lire pour pouvoir dire que j’ai lu au moins un titre pour chacun de ces Nobel « de l’Est » (catégorie Littérature et – pour les plus lettrés d’entre eux – Paix). Fin 2023, je pourrai même dire que, pour certains, j’ai lu plusieurs titres : comme je l’annonçais ici, l’aventure Tokarczuk sera renouvelée le 11 mars et celle avec Alexievitch le 31 mai, au format lectures communes et je m’en réjouis d’avance.







Parmi mes autres lectures marquantes en 2022, je note en premier lieu celle de L’horizon, de Wiesław Myśliwski : un pavé déjà quart-de-centenaire mais dont la méditation sur l’enfance et la mémoire est totalement intemporelle. Je m’étais beaucoup interrogée, en écrivant ma chronique, sur ce qui fait que j’avais tant aimé la construction du livre. Je me suis peut-être trop interrogée, d’ailleurs, car ma chronique n’a pas été parmi les mieux aimées de 2022 mais elle est toujours là et prête à être lue.
Avant de lire Myśliwski, j’ai – enfin – relu et – enfin – chroniqué Les braises, de Sándor Márai. C’est le livre avec lequel j’avais fait consciemment connaissance avec la Hongrie et la littérature hongroise, il y a xxx années, et j’ai pris autant de plaisir à savourer l’écriture et le déroulement des deux temporalités de l’intrigue qu’à préparer ma chronique, ce qui n’arrive pas si souvent. Il ne tient qu’à moi de lire et présenter un nouveau Márai en 2023 – L’héritage d’Esther, ou le 2e volume de son Journal, par exemple (aux dernières nouvelles, la traduction du 3e et dernier volume de l’édition française est prévue pour la fin de cette année) ? Ce serait en tout cas très tentant de refaire une année hongroise, presque 10 ans après mon « petit guide de la Hongrie en douze chapitres ».
J’avais mis ce Márai en tandem avec Les gars de la rue Paul, parce que ce sont tous deux des classiques de la littérature hongroise (je me demande cependant si Les gars de la rue Paul n’est pas plus lu que Les braises en Hongrie ; je me demande aussi si ces deux auteurs se sont lus l’un l’autre). Les gars de la rue Paul n’est pas ce que j’appellerai un monument littéraire en termes de qualité d’écriture, et l’univers de ses héros n’est pas du plus grand intérêt à mes yeux d’adulte blasée, mais j’ai tout de même une affection particulière pour ma chronique du livre à la fois parce qu’on retrouve Les gars de la rue Paul dans les endroits les plus divers de la littérature d’Europe « de l’Est », et parce que toute l’histoire du livre se déroule à quelques rues de chez moi – l’occasion de faire de ma chronique une petite promenade urbaine et culturelle dans le 9e arrondissement de Budapest.
Autre lecture et chronique mémorable : celle de Les beaux jours de ma jeunesse, titre empli d’ironie lorsqu’on considère que c’est celui donné à ce journal que tient l’adolescente (puis écrivaine) Ana Novac après son arrestation en juin 1944 et jusqu’à sa libération en mai 1945 – entre les deux, et parce qu’elle est juive, Ana Novac connaîtra les camps de concentration, qu’elle met en mots avec lucidité, cynisme, ténacité et avec la conviction qu’elle est née pour être écrivaine, pas pour mourir à Auschwitz (certaines éditions du livre portent le titre J’avais 14 ans à Auschwitz). Dans ma chronique, j’ai parlé du journal, bien sûr, mais aussi un peu du poids de la géographie et de l’histoire, qui expliquent en partie qu’Ana Novac soit (comme d’autres adolescentes juives autrices pendant la guerre de journaux intimes) « l’Anne Frank roumaine » plutôt qu’inversement Anne Frank soit « l’Ana Novac allemande ».
Pour terminer, une – trop rare – chronique non-fiction avec un billet-fleuve en trois parties (une, deux et trois, plus annexe) sur deux livres qui ne sont même pas traduits en français : A spy in the archives. A memoir of Cold War Russia, de Sheila Fitzpatrick, m’a ouvert une porte vers le milieu fascinant de la culture littéraire soviétique (surtout moscovite) de la fin des années 1960 et du début des années 1970 à travers la revue « Novy Mir » (je dois ici remercier Kaggsy, dont la chronique m’avait donné envie de lire ce livre). Mais A spy in the archives est avant tout le récit d’une doctorante australienne qui, parce qu’elle fait ses recherches dans les archives moscovites dans les années 1960, finit par se rendre compte qu’elle est à la fois espionnée et considérée comme espionne. Ce sont ces mots-clés – recherche universitaire, espionnage, guerre froide – qui font un lien évident avec le deuxième livre, My life as a spy. Investigations in a secret police file. Ici, il s’agit aussi d’un livre autobiographique, mais c’est une anthropologue américaine, Katherine Verdery, qui écrit, sur une découverte bien plus récente et amère : celle du dossier compilé à son insu par la Securitate, la police politique secrète roumaine, alors qu’elle faisait ses recherches de terrain dans la Roumanie des années 1970 et 1980. Le fait que des personnes qu’elle considérait comme proches, et dont certaines sont encore en vie lorsqu’elle publie le livre, ont contribué à l’épaisseur de son dossier, ajoute à son amertume mais donne une dimension encore plus intéressante au travail de détective et d’anthropologue qu’elle mène sur ce nouveau sujet d’études qu’est ce dossier extérieur à elle mais qui est lui aussi un témoignage sur sa vie.






Voilà pour 2022. Et donc, 2023 ? Eh bien, 2023 sera mieux que 2022, bien sûr ! Plus de livres, plus de chroniques, mieux de chroniques, plus de nouvelles publications, autant de livres classiques et/ou oubliés, des lectures communes, des visites, découvertes et tentation chez les uns et les autres habitants de la blogosphère littéraire, des chroniques plus courtes pas plus longues qu’elles ne le sont déjà… Il y aura aussi l’ajout d’une nouvelle littérature parmi celles déjà chroniquées sur le blog (une littérature d’un pays qui n’a rien à voir avec l’Europe de l’Est).
Et d’abord il y aura l’article le plus attendu de chaque mois, c’est-à-dire le récapitulatif mensuel des nouvelles publications du mois.
Patience, c’est pour bientôt.
Un rappel des lectures communes prévues pour 2023 (toutes les infos dans ce billet) :
- Du 27 janvier au 3 février : troisième édition des Lectures communes autour de l’Holocauste
- Le 11 mars : lecture commune autour d’Olga Tokarczuk
- Le 23 mars : lecture commune de La réparation du monde, de Slobodan Šnajder
- Le 31 mai : lecture commune autour de Svetlana Alexievitch
Et aussi, le 6 mai : Epépé, de Ferenc Karinthy (avec Emma)
Lectures communes autour de l’Holocauste (édition 2022) : un récapitulatif, des remerciements
Publié : 11/02/2022 Classé dans : Bilan, Holocauste 23 Commentaires
Pour la deuxième année consécutive, nous avons organisé, avec Patrice (Et si on bouquinait ?), une semaine de lectures communes autour de l’Holocauste. Du 27 janvier au 3 février, nous avons recueilli 24 contributions de dix participants et participantes à notre initiative en mémoire des victimes de l’Holocauste.
Comme l’année dernière, ces contributions ont été très variées : en majorité des lectures (livres d’enquête, témoignages anciens ou plus récents, romans), mais aussi des portraits d’artistes et même un clin d’œil aux plaques commémoratives de la Seconde Guerre mondiale à Marseille.
Lire la suite »2021 : le mot de la fin d’année
Publié : 31/12/2021 Classé dans : Bilan 14 CommentairesDans mon dernier billet, j’ai fait le récapitulatif de mes chroniques des nouvelles publications de cette année : il y en avait quatorze (du tchèque, du roumain, du serbe, du hongrois, du croate, du slovène, de l’anglais, du polonais, du bulgare), issues de mes neuf articles sur les nouvelles publications de l’année.
Mais WordPress me dit que cet article sera le 81e : alors, de quoi d’autre cette année de lectures et de chroniques a-t-elle été faite ?
Lire la suite »Un retour en chroniques sur les nouvelles traductions (ou rééditions) de cette année
Publié : 29/12/2021 Classé dans : Bilan, Listes, Nouvelles publications, Rentrée littéraire 14 CommentairesCette année est probablement celle où j’aurai chroniqué le plus de nouvelles traductions – ou rééditions – de livres en provenance d’Europe centrale, de l’Est et des Balkans.
Je n’oublie pas les livres plus anciens ni les explorations dans les fonds inépuisables et pleins de surprises de ma bibliothèque préférée (à Budapest, l’Országos Idegennyelvű Könyvtár, la Bibliothèque Nationale des langues étrangères), cependant c’est agréable de pouvoir aller plus loin, dans la présentation de ces nouvelles publications, que les très brefs résumés que je fais dans mes récapitulatifs mensuels des nouvelles publications.
On s’approche à grands pas de la fin de l’année, c’est l’occasion idéale pour revenir sur ces nouveautés qui ont peut-être déjà été oubliées ou perdues parmi tous les livres publiés au cours de cette année bizarre.
Lire la suite »Lectures communes autour de l’Holocauste – un récapitulatif, une annonce
Publié : 13/02/2021 Classé dans : Bilan, Holocauste, Lectures communes, Seconde Guerre Mondiale 32 CommentairesVous avez été nombreux – et surtout nombreuses ! – à participer à notre projet de lectures communes autour de l’Holocauste, du 27 janvier (journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste) au 3 février.
27 billets, pour 25 livres différents : au vu du nombre de « je note » ou « je découvre » laissés en commentaires, on peut dire que les découvertes ont été au rendez-vous. Les émotions ressenties à la lecture de ces livres – témoignages, récits, essais, poèmes – aussi, allant de l’horreur à l’admiration en passant par l’incrédulité.
Merci à vous pour toutes vos participations. Vous nous avez demandé si nous allions recommencer l’année prochaine ? La réponse est OUI, car nous avons vu beaucoup d’enthousiasme et de gratitude pour notre initiative, et nous souhaitons continuer à contribuer ainsi à la mémoire de l’Holocauste, de ceux et celles qui n’ont pas survécu, et de ceux et celles qui ont porté ou portent encore aujourd’hui le poids de ce passé.
Nous vous donnons donc rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle semaine de lectures communes.
Nous espérons que les suggestions que nous vous avions proposées en annonçant ces lectures communes chez Passage à l’Est ! et chez Et si on bouquinait ?, et que le récapitulatif ci-dessous pourront servir de base et être enrichis au fil du temps. Lire la suite »
2020 : Le mot de la fin d’année
Publié : 31/12/2020 Classé dans : Bilan 41 CommentairesWordPress me dit que j’ai écrit 76 billets cette année. Avec celui-ci, 77. Pour parler de quoi ?
De livres, bien sûr ! Principalement de la littérature d’Europe centrale, de l’Est et des Balkans. J’ai chroniqué 34 livres, traduits de pratiquement toutes les langues de la région. Les voici (avec entre parenthèse la date de publication originale) :
- de l’albanais : Avril brisé (1978), d’Ismail Kadaré.
- de l’allemand : L’ingrate venue d’ailleurs (2012), d’Irena Brežná (c’était pour les Feuilles allemandes).
- du bulgare : Mères (2005), de Théodora Dimova (ma première chronique de l’année, ça parait déjà lointain !).
- du croate : Blue Moon (2014), de Damir Karakaš ; Sonnenschein (2007), de Daša Drndić; Adios cow-boy, d’Olja Savičević ; Les turbines du Titanic (2014), de Robert Perišić ; Le musée des redditions sans condition (1997-8), de Dubravka Ugrešić.
- de l’estonien : Le fou du Tzar (1978), de Jaan Kross.
- du hongrois (seulement deux !) : Vagabondages (1927), de Lajos Kassák, et Europica Varietas (1620), de Márton Szepsi Csombor.
- du letton : Soviet Milk (2015), de Nora Ikstena et A l’ombre de la Butte-aux-Coqs (2014), d’Osvalds Zebris.
- du polonais : Polococktail Party (2002), de Dorota Masłowska ; L’Est (2014), d’Andrzej Stasiuk ; et Le journal d’un loup (1998), de Mariusz Wilk.
- du roumain : Dernière nuit d’amour, première nuit de guerre (1930), de Camil Petrescu ; Femmes (1932) et La ville aux acacias (1935), de Mihail Sebastian ; Le jardin de verre (2018), de Tatiana Ţîbuleac ; et Le livre des chuchotements (2009), de Varujan Vosganian.
- du serbe : Timor mortis (1989), de Slobodan Selenić ; Goetz et Meyer (1998), de David Albahari ; et Au puits (1879-1882), de Laza Lazarević.
- du serbo-croate : Jardin, cendre (1965), de Danilo Kiš.
- du slovaque : Le bal des porcs (2018), d’Arpád Soltész.
- du slovène : Ce que l’on ne peut confier à sa coiffeuse (2015) d’Agata Tomažič; Arrêt sur le Ponte Vecchio (1959-60), de Boris Pahor ; et Katarina, le paon et le jésuite (2000), de Drago Jančar.
- du tchèque : L’amour au temps du changement climatique (2017), de Josef Pánek.
- de l’ukrainien : Felix Austria (2014), de Sofia Andrukhovych.
Et aussi de l’italien (Aux frontières de l’Europe, de Paolo Rumiz). Ainsi que deux livres écrits directement en français : Demain la brume (2020), de Timothée Demeillers, et Les mots brisés (2020), de Martin Daneš.
Parmi ces 34 chroniques, 14 portaient sur des livres publiés cette année (j’ai recensé une cinquantaine d’ouvrages, principalement de fiction, publiés cette année : j’en ai déjà fait un petit récapitulatif ici).
Le monde des livres serait beaucoup plus triste sans la variété des maisons d’édition et le travail de traducteurs et traductrices. Cette année, j’ai chroniqué des livres :
… publiés par des grandes et des petites maisons d’édition : Actes Sud, Agullo, Asphalte, Belleville, Christian Bourgois, Denoël, Editions d’En bas, Fayard, Gaïa, Gallimard, Ginkgo, JC Lattès, La Différence, Laffont, L’Herne, Libretto, Mercure de France, Noir sur Blanc, Séguier, Syrtes.
… et traduits par Jusuf Vrioni (albanais), Marie Vrinat-Nikolov (bulgare – un entretien à retrouver avec elle et Isabelle Carré ici à propos du prix INALCO qu’elles ont co-fondé), Mireille Robin et Chloé Billon (croate – un entretien avec Chloé Billon à retrouver ici), Jean-Luc Moreau (estonien), Roger Richard (hongrois), Nicolas Auzanneau (letton), Margot Carlier et Laurence Dyèvre (polonais), Florica Courriol, Laure Hinckel, Alain Paruit, Philippe Loubière et Marily le Nir (roumain), Alain Cappon et Gojko Lukić (serbe – un entretien avec Gojko Lukić à retrouver ici), Jean Descat (serbo-croate), Barbora Faure (slovaque), Antonia Bernard, Stéphane Baldeck, Andrée Lück-Gaye et Claude Vincenot (slovène), Benoit Meunier (tchèque) et Iryna Dmytrychyn (ukrainien).
Que vais-je retenir de cette année de lecture ? Tout – c’était en général une bonne année de lecture – mais en particulier :
Mères, de Théodora Dimova, pour la concision des portraits et des univers qui constituent ce roman bref et percutant.
Vagabondages, de Lajos Kassák, pour l’entrain sans vergogne de ce voyageur pédestre des années 1900.
Katarina, le paon et le jésuite, de Drago Jančar, pour la texture, le style et l’ambition de ce roman historique.
Les turbines du Titanic, de Robert Perisić, pour le cynisme léger de ce roman contemporain, pour l’humanité des personnages qui le peuplent, et pour la qualité de la traduction.
Timor mortis, de Slobodan Selenić, pour la réflexion sur l’écriture et sur l’histoire dans une région aux contours mouvants.
Le musée des redditions sans condition, de Dubravka Ugrešić, pour le jeu de l’écriture et de la construction qui donne tant de profondeur à ce livre méditatif.
J’ai aussi écrit quelques articles thématiques, qui m’ont au passage permis de donner libre cours à ma manie des listes :
- pour m’emmener en voyage : d’abord à travers l’Europe en général, et aussi d’Odessa à Trieste.
- sur les romans historiques.
- sur les femmes écrivains, pour faire suite à un article plus long de l’année dernière.
- sur les deux passionants numéros du dossier de la revue Translittérature sur « Quoi de neuf à l’Est ? » : le premier ici, et le deuxième là.
- sur les frontières et la littérature au fil du XXe siècle.
- sur Ismaïl Kadaré, ou plutôt sur toutes les bonnes raisons de lire/découvrir cet auteur incontournable de l’Albanie du XXe siècle.
- sur le Bélarus/la Biélorussie et sa littérature – en réponse à une actualité politique qui n’a malheureusement pas beaucoup changé.
- sur les auteur.e.s classiques en traduction.
Nouveauté de cette année, j’ai aussi parlé de 27 livres qui n’ont rien à voir avec la littérature d’Europe centrale, de l’Est et des Balkans. Je l’ai fait en six épisodes (#1, #2, #3, #4, #5, #6). C’est déjà une sélection de ceux que j’ai le plus apprécié, dont je ne vais pas faire de sous-sélection, même si tout compte fait certains me resteront vraiment à l’esprit…
Pour l’année prochaine ? Un peu de la même chose, avec toujours l’envie de faire plus et mieux.
Deux rendez-vous s’annoncent pour les prochaines semaines : le 13 janvier, une lecture commune autour d’Ismail Kadaré (Le général de l’armée morte, mais la porte est ouverte à n’importe quel autre titre de cet auteur prolifique) ; et du 27 janvier au 3 février, une semaine dédiée à la littérature et l’Holocauste, en compagnie de Patrice (Et si on bouquinait?).
J’ai aussi un projet qui m’emmènerait encore plus loin si je le lance, mais qui est encore en gestation…
En tout cas, aucun risque de tomber en panne de lecture en attendant.
Tout ça pour dire, aussi : merci!
Merci à vous tous pour vos passages, votre compagnie, vos commentaires, vos remarques, et que 2021 soit pour tous une bonne nouvelle année de lectures !
P.s. presque 10 ans de blog, et ce n’est que la deuxième fois que je fais un mot de fin d’année !
Cinq mois de femmes écrivains d’Europe centrale et orientale (et après ?)
Publié : 05/08/2019 Classé dans : Bilan, Femmes écrivains 4 CommentairesPrès de cinq mois après le début de ma série sur les femmes écrivains d’Europe centrale et orientale, il est temps de faire un petit bilan d’étape. Comme je le prévoyais dans mon article de présentation, mes lectures ont été très diverses en termes des périodes couvertes : de Le concert de Bach d’Hortensia Papadat-Bengescu (Roumanie, 1927) à En montant plus haut d’Andrea Salajova (France-Slovaquie, 2018), c’est presqu’un siècle de littérature qui m’est passé entre les mains. Pour ce faire, je n’ai pas eu à faire des tours de force de recherche dans le catalogue des bibliothèques ni chez les bouquinistes, puisque pratiquement tous ces livres ont été publiés en traduction française entre 1974 (pour Rue Katalin, de la hongroise Magda Szabó, aux Editions du Seuil (republié en Livre de Poche en 2018)) et 2019 (pour Une ville à cœur ouvert, de la polonaise Żanna Słoniowska). La seule exception, qui n’en est une que parce que le livre n’a pas encore été traduit en français, est L’expulsion de Gerta Schnirch, de la tchèque Kateřina Tučková, publié en 2009 et que j’ai lu dans sa traduction hongroise publiée trois ans plus tard. Un dernier chiffre pour clore cette introduction :
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Actualités du blog : Femmes écrivains d’Europe centrale et orientale
Publié : 30/01/2019 Classé dans : Bilan, Femmes écrivains 18 CommentairesEn faisant le bilan de mes lectures de l’année dernière, et de mes livres en attente pour cette année, je me suis à nouveau rendue compte du déséquilibre entre le nombre de livres écrits par des hommes et celui de livres écrits par des femmes. En 2018, j’avais lu 15 ouvrages de fiction d’Europe centrale et orientale dont seulement deux écrits par des femmes (le beau et surprenant L’été où maman a eu les yeux verts de Tatiana Tibuleac, et Code-Barres de Krisztina Tóth). Et j’avais lu deux livres de non-fiction écrits par des femmes, La lanterne magique de Molotov par Rachel Polonsky, et Café Europa : Life after Communism de Slavenka Drakulić).
Ces 15 livres ont été de bonnes lectures, et certaines de ces lectures m’ont laissé un très bon souvenir, mais cela n’empêche que ce sont dans leur très grande majorité des livres écrits par des hommes. L’index des publications sur ce blog me confirme s’il en était besoin que c’est une tendance qui existe depuis le début du blog : au total, j’ai chroniqué jusqu’ici des livres de 79 auteurs, dont 62 écrits par des hommes et donc 17 par des femmes.
Faut-il en conclure qu’il n’existe pas de femmes écrivains en Europe centrale et orientale ? Bien évidemment non (d’ailleurs je n’ai pas la prétention d’offrir un panorama complet de la littérature de cette région), et outre celles dont j’ai chroniqué les livres, j’ai aussi mentionné d’autres à l’occasion de la sortie de leurs livres, ou de prix qu’elles ont reçus dans leur pays d’origine ou au niveau européen ou international.
Faut-il alors en conclure que les auteurs de sexe féminin sont moins traduits que ceux de sexe masculin ? Il y a peut-être un peu de ça mais je n’ai pas de chiffres pour le prouver (une étude a chiffré à 26% le nombre de livres de fiction ou de poésie écrits par des femmes et traduits aux Etats-Unis au cours des deux années précédant l’étude). Elles sont certainement moins visibles, et ce manque de visibilité qui n’a rien de nouveau se rajoute sans aucun doute à un retard historique évident dans la production littéraire des femmes comparée à celle des hommes que ce soit dans cette région du monde ou dans d’autres.
Pourtant, elles sont bien là : Magda Szabó est bien connue en Hongrie comme au-dehors, Olga Tokarczuk en Pologne, Gabriela Adamesteanu en Roumanie, Svetlana Alexievitch pour la Biélorussie, et puis aussi (pêle-même, traduites ou pas traduites) Margit Kaffka, Erzsébet Galgóczi, Zsuzsanna Rakovszky, Júlia Székely, Renée Erdös, Andrea Tompa, Jolán Földes, Agota Kristof, Zsuzsa Bánk, Zsófia Bán, Theodora Dimova, Ornela Vorpsi, Joanna Bator, Żanna Słoniowska, Magdalena Parys, Zofia Nałkowska, Hanna Krall, Ida Fink, Inga Abele, Herta Müller, Kateřina Tučková, Marthe Bibesco, Hortensia Papadat-Bengescu, Florina Ilis, Ana Blandiana, Dasa Drndic, Dubravka Ugrešić, Andrea Salajova, Ivana Bodrožić et beaucoup d’autres encore.**
Il me semble que le monde anglo-saxon s’est déjà un peu plus penché sur cette question de la visibilité des femmes écrivains, y compris en traduction, que le monde francophone : de nombreuses initiatives inspirantes ont vu le jour ces dernières années, telles le Mois des femmes en traduction (Women in Translation Month : en août ; non seulement de nombreux blogueurs et blogueuses écrivent sur les femmes en traduction, mais des maisons d’édition font aussi sortir des livres de femmes en traduction à ce moment-là, voire offrent des réductions sur certains livres), Australian Women Writers Challenge, Prix de Warwick pour les Femmes en Traduction ou tout simplement des listes (comme celles de Literary Hub proposant des listes thématiques de livres à traduire).
C’est pourquoi je me propose d’appliquer un peu de discrimination positive sur ce blog à partir du mois de mars, en mettant un coup de projecteur non seulement sur les œuvres, mais aussi sur leurs auteurs, et sur celles et ceux qui traduisent et font connaître leurs livres. Ces Femmes écrivains d’Europe centrale et orientale seront donc mon fil conducteur pour ce blog à partir du 8 mars. Ce faisant, je contribuerai à nouveau à l’excellent Mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrice et Goran, ainsi qu’au challenge Autour du monde, elles écrivent, tout en continuant à contribuer à Voisins Voisines chez A propos de livres. Je prévois aussi déjà une lecture commune avec Edyta pour le 31 mars : Une ville à cœur ouvert de Żanna Słoniowska. Si quelqu’un d’autre est intéressé par une lecture commune, dites-le-moi dans les commentaires !
**N’hésitez pas à compléter dans les commentaires !
Un bilan, deux bilans, trois bilans
Publié : 31/12/2018 Classé dans : Bilan 13 CommentairesCette année, j’ai écrit 24 articles, dont 14 chroniques de livres, et 10 articles sur des actualités variées, nouvelles publications, festivales littéraires, et mes vacances. 24 articles, c’est à peine suffisant pour faire un bilan, alors pourquoi est-ce que j’en annonce trois ? Réponse ci-dessous !
Le premier bilan, c’est celui des livres chroniqués sur le blog et dont je garde le meilleur souvenir. En parcourant mes 14 chroniques, voici les cinq livres que j’ai retenus :
Alouette, de Dezső Kosztolányi : un classique de la littérature hongroise, triste et subtilement drôle, description de quelques jours de vacances inattendues pour un couple âgé.
La jeune fille brune, d’Alexandre Tisma : deuxième lecture de cet auteur assez bien traduit en français mais pas aussi connu que le mériterait son œuvre toute en retenue.
Hommage aux fous, de Jan Trefulka : l’histoire d’un homme ni particulièrement attachant ni particulièrement repoussant, qui décide de faire un pas de côté pour échapper au destin que son temps et sa communauté lui destinent.
Le roi blanc, de György Dragomán : un roman qui m’a surtout frappé par la voix qu’a créée l’auteur, celle d’un enfant qui narre le monde dur de la dictature. Un roman que j’ai pu comparer avec un autre qui lui ressemble sans lui ressembler, et dont j’ai pu rencontrer l’auteur.
Le soldat à la fleur, de Nándor Gion : presque un retour à l’univers géographique d’Alouette et de La jeune fille brune mais avec l’histoire totalement différente d’un village ethniquement mixte de paysans et de boutiquiers du début du XXe siècle.
Le deuxième bilan, c’est celui des livres qui n’ont rien à voir avec le blog, mais que j’ai lus et appréciés et qui ont aussi fait mon année littéraire :
El invierno en Lisboa, d’Antonio Munoz Molina : un livre emprunté parce qu’il était sur l’étagère de ma bibliothèque préférée et qu’il m’a rappelé El jinete polaco (Le royaume des voix) que j’avais lu quand je vivais en Espagne. Une atmosphère mystérieuse, de jazz et d’alcool, avec femme fatale et dealers en tableaux volés, entre San Sebastian et Lisbonne. (Disponible en français : L’hiver à Lisbonne, Seuil, 2016).
Conquerors : How Portugal forged the first global empire, de Roger Crowley : un livre d’histoire érudit et léger à lire comme les Anglais savent si bien les faire, sur la découverte de l’Afrique et de l’Inde par les Portugais pour le bonheur des uns et le malheur des autres.
Days without end, de Sebastien Barry : l’histoire hors de l’ordinaire d’un homme ordinaire dans l’Amérique des années 1850 et 1860. La voix simple et lente de Thomas McNulty pour raconter la lutte destructive contre les Indiens, puis la guerre civile, et surtout pour raconter ses choix d’homme, portés par son humanité et un amour muri par les épreuves. Une narration superbe de bout en bout, une fois qu’on s’est glissé dans le style riche et déroutant qu’a créé Sebastian Barry pour ce roman. Le livre et l’auteur sont ma plus belle découverte de cette année (Disponible en français : Des jours sans fin, Editions Joëlle Losfeld, 2018).
Le quai de Ouistreham, de Florence Aubenas : récit-documentaire de la journaliste Florence Aubenas dans le monde de « la crise », avec des vies matériellement précaires, quelques beaux portraits, beaucoup de ménage, et une description assez pessimiste des services sociaux eux aussi sous la pression.
Là haut, tout est calme, de Gerbrand Bakker : sous le calme apparent de cette ferme des Pays-Bas tenue par un homme célibataire, vieillissant et taciturne, les souvenirs accumulés au cours des décennies refont surface. Forcé de passer à côté de la vie qui s’offrait à lui, il s’offre sur le tard de choisir pour lui-même comment il veut terminer celle qu’il a acceptée.
Quant au troisième bilan, c’est celui des livres achetés ou reçus cette année, destinés au blog mais que je n’ai pas encore lus : aucun risque de ne pas avoir assez à lire en 2019 ! Le voici:
Bonne année!