Andrzej Stasiuk – L’Est

Au début, le sentiment qui domine, c’est que la géographie s’est sacrément fichue de vous.

Des portes de Varsovie au désert et à la steppe de Sibérie, de Mongolie et de Chine, c’est l’Est dans toute son étendue géographique qui appelle Andrzej Stasiuk, dans ce récit au titre aussi simple qu’évocateur. Plutôt habitué des fin-fonds de l’Europe centrale et des Balkans, qu’il a décrits dans nombre de ses livres, Stasiuk ne se présente pas comme un fin connaisseur de la Russie et des pays situés au-delà : né en 1960, il ne découvre leurs grands espaces qu’après 2006. Cependant les voyages successifs qu’il y fait, et dont il distille le récit dans ce livre consacré à l’Est au sens large, sont guidés par une interrogation née de son enfance dans la Pologne du temps du communisme : il veut « voir jusqu’où cette idéologie s’était déployée, à quel point elle avait transformé le monde et ce qu’il en était resté. »

Voyage géographique et voyage dans le temps – le sien, celui de sa famille, celui de son pays – s’imbriquent et se répondent dans L’Est pour donner une vision toute personnelle de cet espace et de son histoire au XXe siècle. Lire la suite »


Actualité du mercredi : « je ne décris pas la réalité mais mon imagination »

Le mercredi, je vous apporte une actualité concernant la littérature d’Europe centrale et orientale.

En attendant le programme complet du festival Etonnants Voyageurs, je me suis rappelé que c’est à Andrzej Stasiuk qu’avait été décerné l’année dernière le Prix Nicolas Bouvier du festival pour L’Est, (Actes Sud, 2017, traduit par Margot Carlier), récit d’un voyage de la Pologne à la Chine par ce « gamin de la ville » devenu écrivain et [étonnant] voyageur.

La remise du prix avait donné lieu à une discussion intéressante quoiqu’un brin laborieuse par moments, avec le plaisir d’entendre Andrzej Stasiuk s’exprimer dans sa langue natale, une présentation vraiment alléchante du livre par Christine Jordis, et un échange plutôt amusant autour de la question « comment arrivez-vous à faire des livres sur rien, mais à chaque fois différents ? ». Je vous invite à l’écouter ici.

Un petit retour sur le livre ansi que sur son Sur la route de Babadag aussi dans Le courrier des Balkans.

Cette année, c’est à Emmanuel Ruben que sera décerné le prix pour Sur la route du Danube, livre-fleuve entre récit d’arpentage à contre-courant du Danube et histoire complexe de l’Europe (Editions Rivages, 2019).